Vertiges, un pas vers la liberté

Producteur

Jérôme Caza

Réalisation

Clément Chauveau
Fabien Douillard

Diffusion

CANAL+ DOC

Production

2P2L

Starting Block

Année

2022

Durée

75'

3 détenus à l'assaut du Mont-Blanc. Un pas vers la liberté ?

Résumé

Partir à l’ascension du Mont-Blanc.

Tel est le pari lancé aux détenus du centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse. Pour faire partie de l’aventure, les prisonniers doivent faire preuve de bonne volonté et être bonne forme physique.

De la prison aux massifs des Alpes, le film s'immerge dans le parcours des détenus pour lesquels ce projet offre une véritable revanche sur leurs vies tourmentées.

Qui parviendra au sommet ?

A quel prix ?

Feront-ils un pas vers la liberté ?

Le documentaire « Vertiges, un pas vers la liberté » a été diffusé le 16 février 2022 et est disponible sur myCanal.
Article paru dans Ouest-France de Chloé REBAUDO.

 

D’une chambre de 9m², ils sont entrés dans l’infinie étendue des montagnes. D’une cellule de 9 m², ils ont gravi le plus haut sommet d’Europe occidentale. Parfois en détention depuis 2003, ils se sont préparés pour ce qui est certainement l’une des plus grandes expériences de leur vie.

Trois détenus du centre pénitentiaire de Bourg-en-Bresse (Ain) sont montés au sommet du mont Blanc (4 807 m) en septembre 2021. Une ascension filmée et retransmise dans le documentaire Vertiges, un pas vers la liberté, disponible sur myCanal et coproduit par Starting Block et 2P2L.

Frédéric (45 ans), Toumy (38 ans) et Michel (24 ans) sont les trois détenus sélectionnés pour ce projet. Ils étaient au début quarante mais ont rempli les critères physiques, évidemment, pénaux, assurément, mais aussi de solidarité et d’entraide. Un projet monté par Jean-Bernard, surveillant et moniteur de sport.

« Sa hiérarchie qui au début lui dit “t’es complètement fou” et finalement il arrive à monter le projet »

« Le défi d’aventure existe avant même qu’on arrive, explique Clément Chauveau, Nantais et cofondateur de la société de production Starting Block, avec le Brestois Fabien Douillard. L’ascension n’a pas été faite parce qu’il y a des caméras. Je suis mis au courant de ce projet et il est déjà sur les rails. C’est le moniteur de sport Jean-Bernard qui arrive à convaincre sa hiérarchie qui au début lui dit “t’es complètement fou” et finalement il arrive à monter le projet. Ensuite on arrive et on obtient l’accord du centre pénitentiaire pour avoir les accès. »

Depuis avril ou mai, Clément Chauveau et Fabien Douillard se rendent au centre pénitentiaire au moins une fois par mois. Une première rencontre, sans caméra, est nécessaire afin de « leur présenter le projet, leur expliquer ce qu’on voulait faire, comment on voulait le faire, retrace le réalisateur. Et finalement les échanges se sont faits assez naturellement. On est à peu près de la même génération, le courant est plutôt bien passé. De toute façon, pour que ça fonctionne, on avait besoin de leur confiance, et en échange, il fallait qu’on se montre digne de leur confiance, et faire un film fidèle à ce qu’ils ont vécu. »

Une petite caméra, une chaise, un interlocuteur. Ce qu’il faut dans la cellule. Pas plus. « C’est plus simple d’être tout seul avec une caméra plutôt que trois personnes, un ingénieur du son… Dans la sincérité des échanges c’était la caméra posée, qu’ils essayent d’oublier et qu’on discute lui et moi. »

« Les guides ont vraiment cru qu’on n’irait pas là-haut »

Une préparation physique est organisée pour les détenus, tout comme des sorties en montagne : rejoindre le col de la Vanoise (2 518 m), la première du documentaire mais pas la première du groupe.

Une semaine avant la date butoir, direction l’aiguille du Tour (3 540 m). Des sorties permettent aussi aux détenus et aux réalisateurs de créer du lien et de la confiance. « Quand on passe deux jours avec des personnes dans les refuges, à manger ensemble, à marcher ensemble dans la montagne, ça rapproche. »

Mais montagne ou haute montagne, l’écart est tout de même colossal. À tel point que les guides émettent l’idée de ne pas rejoindre le sommet du mont Blanc mais de s’arrêter au Dôme du goûter (4 300 m). « Les guides ont vraiment longtemps cru qu’on n’irait pas en haut, vraiment, relève Clément Chauveau. Ce n’est pas le montage qui fait croire ça, on n’en rajoute pas là-dessus. Il y a vraiment eu un gros gros doute sur la capacité à les emmener là-haut. Sauf que les détenus étaient têtus, Jean-Bernard aussi et ils ont tenu à y aller, mais ce n’était vraiment pas gagné. »

RAUL AZUARA DIEZ

Les deux réalisateurs ont aussi suivi une préparation physique durant l’été, assortie d’une expédition en montagne. « Au début, on voulait emporter plein de lumières. Les guides nous ont dit non, il y a un vrai enjeu de poids à ces altitudes. Les guides ne rigolent pas avec ça. On n’emmène pas de déodorant, il y a un t-shirt pour trois jours, ils te conseillent de couper ta brosse à dents en deux, chaque gramme compte. Donc pour emmener du matériel de tournage, c’était vraiment le strict nécessaire. »

« Une dinguerie »

Ils partent finalement sur trois jours d’ascension. Deux étaient initialement prévus mais les conditions météo les obligent à attendre. La descente se fera quant à elle en une journée, au lieu de deux. Pour filmer ce moment, une équipe de quatre est nécessaire. L’équipe de tournage est restée en acclimatation au refuge du Torino (3 375 m) trois jours durant avant l’ascension.

« Chaque détenu avait une cordée et nous, on était indépendants. […] On avait trois caméras pour quatre cameramans, au cas où il y en ait un qui flanche, qui ait le mal des montagnes, ce qui peut quand même arriver à n’importe qui, même à une personne préparée. Au-dessus de 4 000 m ça peut arriver. Et on était surtout avec deux gars [Bruno Peyronnet et Raul Azuara Diez] qui étaient habitués à tourner en montagne, qui la connaissait bien, qui étaient vraiment spécialistes de tout ça, ils étaient vraiment à l’aise. »

Fabien Douillard et Clément Chauveau filmeront l’arrivée des premiers en haut du mont Blanc. « Une dinguerie. » C’est ce que répète Michel une fois arrivé. Le rêve de ces trois détenus est finalement devenu un objectif. Ou l’inverse. Mais ils y sont parvenus. Preuve que l’entraide et la détermination emmènent loin. Ou haut.